Comme un rêve...
Des fois la réalité vous rattrape, vous avez l'impression que le ciel n'est pas vrai, que tout n'est qu'un rêve... On se croirait sous une peinture, dans une chapelle, mais c'est juste un coucher de soleil dans le Gers, comme je l'ai observé il y a quelques minutes à peine... Après une chaude journée, le ciel est orageux, une grosse pluie dure quelques minutes, quelques éclairs fendent le ciel, quelques coups de tonnerre, puis le soleil baisse, commence par éclairer les collines sur l'autre versant, le ciel devient multicolore, d'un bleu profond à l'est, presque turquoise au dessus de nous, derrière des nuages blancs d'un côté, plus sombres de l'autre, puis vers l'est des nuances de rouge, rose, jusqu'au jaune et au blanc vers l'horizon, derrière les arbres...
Je ne réalise toujours pas vraiment que je suis enfin là, pour de bon, pour travailler dans mon Gers... Que ce ciel dont je ne peux pas me lasser, je le verrai souvent, qu'on vivra enfin à deux sans 12 heures de route qui nous séparent, que les Pyrénées seront juste à côté pour aller randonner, que les sorties pour aller voir les chouettes seront fréquentes, les cueillettes de champignons redeviendront de la routine...
C'est fou comme on peut être attaché à un petit coin de France comme ça, surtout après avoir bougé aux quatre coins du pays, après avoir vu des coins sublimes, les Calanques, Port Cros, le Mercantour, les Cévennes, la Drôme provencale, l'Ardèche, la Corse... et j'en passe beaucoup des coins paradisiaques, mais vouloir toujours revenir... C'est ici que je me sens chez moi, même si la 2x2 voies avance toujours plus, effrayante, il reste des coins de campagne isolés, où tout est calme, où le téléphone ne passe pas, des petits coins comme on voudrait en voir partout...et qu'on ne trouve bientôt plus qu'ici...
Sur une sortie de la semaine dernière, pour l'observatoire des rapaces nocturnes, une effraie volait tranquillement vers nous, passait sans un bruit juste à côté en nous regardant... les rossignols chantaient, les cailles aussi, puis un engoulevent... en route on a pu croiser un renardeau, un blaireau, un chevreuil... c'est encore plein de vie ici...
Et puis il ne s'arrête jamais, mais c'est tellement agréable d'entendre le rossignol chanter au moment où la chaleur retombe, quand tout le reste se calme, qu'on n'entend plus de voitures, juste le rossignol et quelques alytes accoucheurs, sous le ballet silencieux des chauves-souris, juste entrecoupé de quelques tsik en cris sociaux... tout en respirant l'odeur des foins fraichements coupés...