Frelon asiatique - Vespa velutina, en chasse devant une ruche
Voici une espèce parmis tant d'autres, une espèce qui a sa place quelque part dans le monde, comme toutes les espèces qu'elles soient belles ou non. J'étais heureux de l'observer au Népal, après tout, le frelon asiatique y est chez lui, mais ici c'est différent...
Pour donner tout de suite mon point de vue sur les espèces introduites, je considère qu'il faut faire deux catégories : les espèces naturellement présentes dans une aire de répartition et les espèces introduites par l'homme moderne.
Elanion blanc - Elanus caeruleus
A titre d'exemple, l'élanion blanc, ce petit faucon qui colonise petit à petit la France, mais qui y est arrivé par ses propres moyens, a tout à fait sa place ici, tout comme le héron gardeboeufs ou la tourterelle turque.
Le chataîgner a quand à lui été importé en France à l'époque romaine, mais je le considère comme une plante naturellement présente ici puisqu'elle a été transportée par l'homme comme elle aurait pu l'être par d'autres animaux. Après tout nous sommes des animaux, nous faisons partie de la nature, comme une fourmis qui transporte une graine d'un point jusqu'à sa fourmilière, comme un héron qui transporte des plantes aquatiques ou des oeufs de poissons dans ses pattes...
Grenouille taureau - Rana catesbeiana
La grenouille taureau, pour prendre un exemple simple, ou la jussie, n'ont pas été introduites par des animaux ou par l'homme dans ses capacités naturelles, on a du utiliser un bateau ou un avion pour cela. A partir de ce moment là, on quitte notre impact normal d'animal, on rentre dans ce que je considère comme un dégât de l'homme moderne.
On me répond souvent que certaines espèces comme le sandre ou la marmotte dans les Pyrénées ne sont pas invasives et occupent une niche écologique vacante, mais pour moi ce n'est pas un critère recevable. Nous avons le devoir de réparer nos erreurs. Et si une niche écologique est vacante, une espèce autochtone finira bien par en profiter, par évoluer, se séparant en deux populations puis deux espèces. Laisser une espèce introduite occuper une niche vacante, c'est priver la nature de cette éventualité...
Bref, je suis pour la suppression totale de ces espèces de nos milieux (et le problème est le même dans d'autres continents avec des espèces de chez nous introduites et invasives là bas).
Ensuite comment supprimer une espèce ? Le réveur dira qu'il faut les capturer pour les relâcher dans leur continent d'origine, après tout elles n'ont pas demandé à être là... mais maintenant qu'elles y sont elles ne sont pas confinées, elles sont en contact avec des bactéries, des champignons... Les capturer et les réexpédier, c'est prendre le risque de faire bien pire, d'envoyer bactéries, champignons ou autres parasites sur un autre continent, avec pour conséquence la disparition d'autres espèces par notre faute directe. Et puis quand il s'agit d'un raton laveur, c'est faisable de le capturer, mais quand il s'agit d'un champignon comme Chalara fraxinea, responsable de la Chalarose du Frêne, une maladie qui tue 95% de nos frênes, c'est impossible de la capturer...
Frêne commun - Fraxinus excelsior, mourrant de la chalarose (Lorraine)
Sinon on pourrait les capturer et les envoyer dans des zoos, comme certains le font avec les tortues de Floride... mais malheureusement dans la vraie vie, nous nous battons déjà pour trouver des financements pour sauver des espèces d'une disparition totale, alors financer le sauvetage de miliers de frelons asiatiques ou de ragondins, c'est tout simplement impossible.
Tortue de Floride - Trachemys scripta elegans chassant une cistude d'Europe - Emys orbicularis de son site de thermorégulation (séquence complète disponible si besoin)
Et puis il y en a tellement des espèces, et de toutes sortes...
Les herbes de la pampa - Cortaderia selloana
l'ouette d'Egypte - Alopochen aegyptiaca
Perche soleil - Lepomis gibbosus
certains se trouvent même un fan club pour les protéger comme les ibis sacrés - Threskiornis aethiopicus
ou pire encore, apportent une valeur économique... sur la côte d'azur, certains recherchent la proximité de massifs de mimosas - Acacia dealbata, alors que ceux ci envahissent tout...
Bref, vous l'aurez compris, quand il n'y a pas de règle possible, il ne reste que le cas par cas... Il faut systématiquement éradiquer tout nouveau foyer, mais une fois l'espèce instalée, c'est malheureusement souvent impossible de revenir en arrière...
Jussie - Ludwigia peploides
Pour la jussie par exemple, on finit par considérer qu'il est impossible de l'éradiquer, et que la supprimer des zones d'eau courante est déjà une victoire, et qu'elle peut servir d'habitat pour la reproduction des poissons...
Bon, revenons-en à nos frelons asiatiques. ça serait bien de les éradiquer, mais c'est trop tard... et puis mettre des pièges non sélectifs, ça serait bien pire que de ne rien faire, puisque les autres espèces s'y tueraient.
Il semblerait que la meilleure solution soit de laisser les frelons européens. Ceux-ci consomment beaucoup moins d'abeilles que les frelons asiatiques, et défendent leur territoire. Ils seraient ainsi une sorte de bergers des ruches.
Avant tout, il faut savoir le reconnaître. Le frelon asiatique, ci dessus, a les pattes jaunes, est principalement noir et un peu plus petit que le frelon européen - Vespa crabro (ci dessous).
Pour chasser, il se place en vol stationnaire à l'entrée de la ruche, puis quand il voit arriver une abeille, il déplie ses pattes et tente de la faire tomber. Il ne se confronte ainsi pas à la ruche entière, mais seulement à une abeille qui tente de rentrer à la ruche.
Une fois l'abeille au sol, il la tue et l'emporte un peu plus loin. D'après le site du muséum d'histoire naturelle, après lui avoir coupé la tête, les pattes, les ailes et l'abdomen, il en fait une boulette qu'il emporte jusqu'au nid pour nourrir les larves.
Le nid du frelon asiatique est très caractéristique, en haut des arbres généralement, mais on peut le retrouver sous les toitures.
Toujours d'après le site du muséum, lorsqu’il est installé dans un espace bien dégagé, le nid du frelon asiatique est sphérique quand sa taille ne dépasse pas 60 cm de diamètre. Il peut devenir ovalaire et atteindre jusqu’à 1 m de haut et 80 cm de diamètre quand il est fixé, comme c’est souvent le cas, à plus de 15 m de haut dans un grand arbre (Villemant et al., 2006).
En voici un photographié en Charentes-Maritimes il y a quelques années.
Bien qu'imposant, il est très difficile à repérer au milieu des feuilles. Ce n'est souvent que l'hiver, quand le nid est abandonné, que l'on peut le trouver. C'est trop tard, on peut l'enlever mais il ne sera pas réutilisé, l'opération serait donc totalement inutile.
Si on en repère un en activité, on peut contacter une entreprise pour l'enlever, mais il est inutile et dangereux de tenter de l'asperger d'insecticides polluants ou de tirer dedans comme certains le font, ça n'apporterait rien et la reine pourrait toujours refaire un nid ailleurs. Le mieux c'est de le faire décrocher et de le bruler.
à bientôt