Du Gers aux Pyrénées
Voici quelques photos de vacances, maintenant qu'elles sont finies. Depuis le temps qu'on voulait le faire, nous sommes partis du Gers pour rejoindre les Pyrénées, à pied.
Départ de la première étape à Moncassin, jusqu'à Masseube, 12 km plus loin.
Nous traversons les coteaux gersois, les champs de tournesol, le bocage, les vallées dissymétriques.
Ce qui est rassurant, c'est de voir qu'il n'y a pas que nous qui souffrons de la chaleur, comme ce renard roux - Vulpes vulpes. Nous en croisons 2, ainsi qu'une belette. Au dessus de nous nous observons un aigle botté.
Le lendemain, nous repartons de Masseube. Nous quittons le Gers pour aller à Boulogne sur Gesse, ce sera la plus grosse étape, 21 km. En route nous observons des guêpiers d'Europe, des chevreuils, un élanion, des milans noirs. La faune classique des coteaux.
Le 3ème jour est plus particulier. Nous ne faisons que 12 km, jusqu'à Montmaurin, en Haute-Garonne, afin de profiter d'un des objectifs de la randonnée, les gorges de la Save.
Nous arrivons à l'entrée des gorges, que nous connaissons bien, mais nous tombons sur un panneau interdisant l'accès aux voitures car un éboulement menace sur la route. Un vrai bonheur, une redécouverte, on peut enfin les admirer dans le calme. D'habitude, il y a des voitures partout.... espérons que ce soit toujours comme ça à partir de maintenant !
A peine arrivés, nous passons devant un abri préhistorique. C'est beaucoup plus émouvant quand on l'a mérité, de se dire qu'ils se reposaient là, que ça fait 500 000 ans que ce site est fréquenté par les hommes. Plusieurs abris y sont connus, c'est d'ailleurs dans un de ces abris qu'a été découverte la Vénus de Lespuge, une des plus anciennes statuettes représentant une femme jamais découverte, datée d'il y a 25 000 ans, sculptée dans de l'ivoire de mammouth. Quand on pense que tout ça a failli disparaître pour des projets de carrières, ça fait peur. Que des gens soient capables de brader notre histoire pour de l'argent... mais heureusement beaucoup de monde s'y est opposé, au Conseil régional, départemental, dans des associations... même Yves Coppins a défendu ce coin de paradis, c'est dire s'il est important !
Nous passons donc dans ces petites gorges, d'à peine 3 km, remplies d'histoire. Nous y faisons une pause pour manger et faire une petite sieste au bord de la rivière.
L'ombre est fraîche, les rayons du soleil dansent dans les feuilles, des jeux d'ombre incroyables pour un photographe, alternant les zones très sombres et les rayons étincelants. Tout cela avec le léger bruit de l'eau et le chants des oiseaux. Parfois c'est un grand corbeau qui passe, caractéristique.
Les reflets font parfois penser à un Monet
Puis nous nous remettons en route, croisant des gens à pieds ou à vélo, dans ce si beau décors.
En ressortant nous passons devant les ruines gallo romaines, puis prenons la direction du camping. L'occasion de voir que les Pyrénées paraissent déjà plus grandes à l'horizon, nous nous approchons de notre but.
Le soir nous avons même droit au balet des chauves-souris, comme cette Sérotine commune - Eptesicus serotinus.
Le 4ème jour, nous faisons encore 14 km, nos jambes avancent toutes seules, ce qui permet de profiter beaucoup plus du paysage. La faune nous montre également que nous nous rapprochons des montagnes, au programme, milan royal, pic noir, vautours fauves...
Et à la pause de midi, la sieste, c'est toujours sacré.
Au moment de repartir nous voyons arriver une voiture. Quelqu'un en sort, retourne un seau et s'en va en courrant, puis redémarre aussi vite et part. Je ne peux pas résister à l'envie d'aller voir, ça sera quoi cette fois ci ? Encore un serpent qui s'est fait torturer ? non, cette fois ci c'est un magnifique loir. Il ne bouge plus. Je m'approche alors, ne prennant pas le temps de faire une photo. D'un coup il se réveille, commence à bondir partout, me monte sur la jambe puis s'enfuit à toute vitesse.
Et toujours le plaisir de voir les montagnes de plus en plus grandes à l'horizon :)
Nous arrivons au camping à la ferme, accueillis par l'hypolaïs polyglotte - Hippolais polyglotta qui nourrit ses petits.
Nuit magique ... Avant de se coucher nous regardons un peu les étoiles filantes malgré le froid et la fatigue. Nous commençons à entendre des Chhhhhh... 3 effraies volaient, des cris bizarres, des premiers vols de jeunes...
Je les vois au loin, puis une effraie passe au dessus de nous, s'éloigne puis repasse.
5 minutes après une autre passe, toujours juste au dessus, puis file au loin. On reste couchés dans l'herbe, une effraie arrive, tourne trois fois au dessus de nous si bas qu'on a vraiment pensé qu'elle voulait se poser. Elle choisira finalement l'arbre juste à côté pour nous observer.
5 étoiles filantes plus tard nous allons nous coucher.
En pleine nuit je me réveille, et à moitié endormi j'entends une respiration forte à quelques mètres de moi. Les sens un peu perdus je me demande si c'est quelqu'un, où il est, où je suis, mais je finis par réaliser que c'est encore une effraie. C'est vrai que ça fait vraiment respiration humaine...
Puis déjà le jour 5, nous repartons pour 16 km, en passant par Montréjeau. Depuis les hauteurs, nous aperçevons l'objectif de la journée de très loin, Saint Bertrand de Comminges. Ce jour là côté faune beaucoup de migration. Je mets du temps à replier la tente, comptant 164 milans noirs. Ils ne prennent pas la direction des montagnes, ils longent les Pyrénées vers l'ouest, pour passer par le pays basque. Egalement un aigle botté, des milans royaux, des hirondelles rustiques en migration et le soir des petits ducs scops.
Le 6ème jour nous prenons le temps de visiter, de faire un petit restaurant, l'occasion aussi de recharger les téléphones pour avoir des nouvelles de la météo avant de repartir. Pas terribles d'ailleurs les nouvelles, après une semaine de beau temps, ils prévoient de la pluis, puis 3 jours d'orage. Nous devons revoir nos plans. Nous décidons quand même de continuer, pour monter un peu plus haut avant d'arrêter. Nous repartons donc direction Mauléon Barousse où nous passerons la nuit.
Là, ça y est c'est la montagne. Au bord de la rivière les cincles plongeurs - Cinclus cinclus, et même une crossope aquatique, ma deuxième seulement. Dans le ciel un vautour percnoptère, plus de doute, nous sommes dans les Pyrénées :) .
Le 7ème jour, nous attaquons enfin la montée du port de Balès.
Nous croisons d'abord des biches et un faon, puis cette magnifique couleuvre verte et jaune - Hierophis viridiflavus.
On ne dirait pas comme ça, mais elle était bien visible du bord de la route.
La montée est difficile, sous la chaleur, jusqu'à 37°C à l'ombre, beaucoup plus au soleil, encore plus sur le goudron.
Heureusement il est possible de ne pas tout faire par la route pour arriver au refuge.
Et nous y voilà. Pas question de prendre des risques avec l'orage, nous ne continuerons donc pas cette fois ci l'aventure sur le GR.
Une fois au refuge nous pensons continuer, monter jusqu'au col, mais sans être certains qu'on puisse capter appeler quelqu'un qui viendra nous chercher, nous préférons nous arrêter là. 5 minutes de stop, des grands sourires, une voiture et c'est gagné. Nous tombons sur des gersois qui nous ramènent jusqu'à Masseube, après 100 km à pied.
La suite une prochaine fois.
à bientôt